Hercule Poirot est une légende. Bien qu'étant fictif, le Belge, Liégeois, Spadois, est aussi populaire que bon nombre de détectives privés, ou personnages, qui ont fait le sel de notre culture. Créé par Agatha Christie en 1920, il est toujours autant à la mode et surtout chez Microids avec une troisième apparition consécutive en peu de temps. Le Crime de l'Orient-Express est un roman légendaire de 1934 qui fût maintes et maintes fois adapté, dont d'ailleurs en 2017 par Kenneth Branagh et sa pléthore d'acteurs de renom ou tout simplement en 2006 en jeu vidéo. Mais comme tout le monde connait cette œuvre d'une manière ou d'une autre, quel était l'intérêt pour le jeu studio lyonnais de Microids de le faire revenir encore une fois ? tout simplement car cette aventure vient d'être réinterprétée pour être vécue en 2023, avec de surprises et beaucoup d'amour pour la légende.

...c'est toujours avec cette phrase que j'ai aimé résumer l'identité de Microids. Bon nombre d'adaptations qu'ils ont réalisées ou financées par le passé mettaient en avant des histoires, des lieux, des personnages, des œuvres qui ont marqué tellement de génération (et ce n'est pas fini avec Tintin Reporter qui arrive), qu'on ne pourrait pas dire autrement qu'ainsi. Le maitre mot chez l'éditeurs français (qui aime beaucoup la culture Belge), c'est l'accessibilité. Tout le monde est en droit de profiter d'un jeu vidéo, demandant de faire un tant soit peu travailler les méninges, sans que pour autant cela vous bloque dans votre dans votre avancement. Cette nouvelle édition du bébé d'Agatha Christie ne déroge pas à la règle, et même plus encore, vous tient totalement la main (avec la possibilité d'indices mais c'est très facultatif) en proposant un mix entre aventure, point and click et jeu narratif, pour un savant mélange des genres à déguster tout seul ou en famille durant cette belle période festive qui entre dans sa phase finale. Comment ne pas déguster un bon lacquemant devant la télé et se passer la manette tout en s'aidant les uns les autres ?

Si l'habillage des menus est modeste, la réalisation est plutôt à bon niveau car le tout est très classieux (comme le veut l'univers) et surtout très fluide pour des déplacements agréables. On regrettera le choix artistique réalisé par les développeurs au sujet des personnages qui jurent face aux décors (ils sont un peu trop Telltale Games) et il est souvent difficile de deviner leur âge au moment de les identifier. Le doublage français est très bon, mais quelques artistiques semblent avoir ingurgité un Temesta avant d'enregistrer ce qui aura le don de vous endormir aussi en les écoutant. Dans l'ensemble, nous sommes dans du très réussi pour un pari tel que celui-ci même si, comme le veut la conjoncture actuelle dans le domaine vidéoludique, cela manque parfois de finition et c'est à se demander si tout est vraiment débuggé à temps ou si les deadlines doivent totalement être respectées. Mais ne vous méprenez pas, ce studio a du talent, et nous ne parlerons pas ici des nouveautés qui vont vous faire redécouvrir cette histoire avec tant de plaisir et de surprises pendant plus de 10 heures.

Merci Microids pour ce moment d'évasion, de réinterprétation, de petite belgitude en somme (mais vous êtes habitués). C'est très clairement une des plus belles réussites de l'éditeur français, la preuve qu'un grand studio est en train de naitre, que tout le monde peut s'approprier l'histoire grâce aux jeux vidéo, c'est magique. Si vous chercher le cadeau parfait pour les fêtes, si vous voulez vous prendre pour un détective sans trop vous torturer l'esprit, si vous désirez connaitre l'esprit Microids, c'est ce titre qu'il vous faut. Sa seule faute, impardonnable de surcroit, c'est d'entendre un belge prononcer le mot : wagon en "vagon".